Lettre aux autres que moi

PHOTOGRAPHY BY RANCOEUR
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Lettre aux autres que moi

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Le premier Homme est resté inachevé, au fond d’un couloir, d’un tiroir,
ou d’un arbre trop près d’une route. Il était l’espoir du monde, ce Camusien… 

Celui qui finira par laisser sa haine, ne me l’a pas écartée de ma tombe. 
Elle y demeure, sous les bombes, les mots en aboient, car je ne suis pas les autres, moi…

J’y ressemble un peu, tout de même, à leurs discours, sur une nostalgie trop vite démunie, qui me porte le mal du pays.
Moi qui vois l’Amérique loin des baltiques, et la douce Afrique aussi près des étoiles.

Moi qui rêvais de Méditerranée, sur une serviette traversant bien des marées, qui ne pouvait d’autre imaginer, que des algues crachées par la mer, et non des enfants retirer aux bras de leurs mères.

Moi, qui n’avait jamais su me justifier, d’être ou de ne pas être le fils d’un immigré, tantôt pays natal de mon père, tantôt pays qui m’a vu naître.

Je suis devenu comme les autres, à bout de souffle, sur un lit d’hôpital, ou un virus sans pays natal finira par nous endormir, une nuit peut-être. 

Je suis celui qui insulte, mais qui ne connaît pas ton visage, celui que tu portes à l’Oiseau Bleu*, qui semble libre dans sa cage, et finira coincé dans ta réalité.



À ceux qui ressemblent à la vie…

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